Martin Grangé a tiré sa révérence, le Londres – Brighton devra se faire une raison.
Sournoisement, ce cœur qu’il avait si grand, a cessé de battre.
Une minute avant sa mort, il était vivant, bien vivant, bon vivant, il est mort en pleine forme, sans s’en rendre compte, s’arrogeant une manière d’éternité. Il ne se refusait rien.
Martin est vraiment un être rare, on ne réduit pas un être-à-part à quelques phrases.
Sa curiosité, son éclectisme en a fait un touche-à-tout dilettante à la conversation élégante et drôle, aux positions tranchées.
Il aimait passionnément la vie, et les animaux dont il prenait immanquablement le parti.
Comme Céline, il avait ses chats, mais aussi ses ânes, “asinus asinum fricat” aimait-il répéter modestement, et même sa vache apprivoisée. Toute une Société Des Bêtes lui offrant le spectacle quotidien de cette existence idéale, paresseuse et insouciante, dont il était le garant.
Il a toujours aimé la compagnie de beaux objets originaux, paradoxalement, les imperfections de l’humanité ne cessaient de l’inspirer.
Ces combinaisons infinies qui font les hommes si vainement différents et tellement pareils.
Séducteur fair-play, son œil s’allumait et un sourire gourmand et magnanime l’éclairait à l’approche d’une jolie femme.
Il observait les événements et ses contemporains avec une curiosité et une férocité critique mêlée de bienveillance.
En Trente ans d’aventures cinématographiques, il a eu bien souvent l’occasion d’en croiser des spécimens, et d’être atterré devant le comique de situations complètement absurdes.
Son intelligence supérieure, son incroyable connaissance de l’Histoire de l’Automobile, son sens aigu de l’observation, alliée à un flair quasi surnaturel, lui permettaient d’exceller dans cette sale manie dont il fit un métier. Il s’occupait des voitures de jeu pour des films . . . (cf.imdb)
De l’archéologie, il garda le gout de la recherche, de la compréhension des hommes par l’observation des choses, un personnage à la Sherlock Holmes, qu’il aurait très bien incarné.
Connus comme le Loup Blanc dans les milieux de l’automobile ancienne, nous n’oublierons pas sa haute silhouette, à la crinière argenté, arpentant les plateaux de cinéma, ou les allés de Rétromobile, de sa démarche élastique, sa mallette en aluminium balançant à son bras.
Nous aimions son talent de raconteur, d’anecdotes ou d’histoires finement observées, auxquelles il savait donner une saveur ironique toujours singulière ou une valeur exemplaire aux confins d’une mauvaise foi hilarante.
Il entretenait assidument un réseau très étendu de contacts fidèles et d’amis chaleureux. Son trou dans l’eau n’est pas prés de se refermer.
Nous-nous associons à la douleur de ses proches et nous garderons toujours le souvenir de l’être rare que nous aurons eu la grande chance de connaitre.