Suite à la mise en ligne de la pétition ”chacun son métier, chacun ses responsabilités”, lancée par l’ADC sur son site entre les 7 et 20 janvier derniers, nous avons comptabilisé près de 5000 signatures et le soutien officiel d’une petite quinzaine d’associations professionnelles, faisant de cette pétition un succès inédit et sans précédent dans nos métiers.
Cette pétition a été conjointement envoyée à monsieur François Hollande, Président de la République, à monsieur Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, à madame Aurélie Filippetti, ministre de la culture ainsi qu’à monsieur Michel Sapin, ministre du travail, pour sensibiliser nos autorités de tutelle, et faire entendre notre voix et nos inquiétudes.
Dans le même temps, une copie de ces courriers et de la pétition à été déposée au CNC, qui demeure un interlocuteur privilégié dans notre industrie et nos métiers.
Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des suites apportées à cette pétition, et l’ADC profite de cette tribune pour remercier encore une fois tous les signataires et associations qui ont apporté leur soutien.
Vous trouverez par ailleurs ci-dessous la copie de la lettre adressée aux destinataires de la pétition ”chacun son métier, chacun ses responsabilités”.
Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier ministre,
Madame la ministre de la culture, Monsieur le ministre du travail,
Vous aimez regarder des films, vous aimez leur force, leur richesse, leur diversité,
Vous aimez la beauté des images, la magie des décors, la subtilité des sons et la fragilité des voix,
Vous aimez être emportés, émus, bouleversés ou bousculés, Vous aimez partager les rires ou pleurer seul face au grand écran.
Nous sommes celles et ceux qui fabriquent ces émotions,
Nous sommes celles et ceux qui ont fabriqué certaines des scènes, des images et des sons qui peuplent vos souvenirs.
Nous sommes les techniciennes, les techniciens, les ouvrières et les ouvriers du cinéma français.
Nous sommes celles et ceux qui préparent et organisent les tournages, qui composent les castings, trouvent les figurants, celles et ceux qui créent les costumes, habillent les comédiens, les maquillent, les griment et les coiffent...
Nous sommes celles et ceux qui inventent et fabriquent les décors, celles et ceux qui dirigent les grues et protègent la caméra, qui règlent la lumière, celles et ceux qui créent la photo et capturent ces 24 images par seconde, qui enregistrent les sons, les voix, le silence, qui règlent et effectuent les cascades ou les effets spéciaux.
Nous sommes celles et ceux qui montent les images et les sons, qui les étalonnent, qui les mixent et qui les mettent en musique.
Nous mettons en scène, nous assistons les réalisateurs, nous veillons aux raccords et à la cohérence du scénario, des images, nous trouvons les véhicules techniques et les véhicules de jeu, nous faisons la pluie, le beau temps et les explosions, nous truquons, gommons et nous enjolivons.
Nous travaillons dans le contemporain, l’époque ou la science-fiction.
Nous sommes les techniciennes, les techniciens, les ouvrières et les ouvriers du cinéma français dont beaucoup parlent, mais dont bien peu connaissent les métiers et que trop peu écoutent.
Nous sommes celles et ceux qui travaillent souvent 60 heures par semaine, pourtant payées 39 heures, celles et ceux qui travaillent le jour, la nuit, le dimanche, en ville ou à la campagne, en studio, à l’extérieur, dans le désert ou sur une montagne, au milieu de la mer, en l’air, sous l’océan...
Nous sommes celles et ceux qui travaillent à Paris, ou en régions, partout en France, en Europe et dans le monde.
Paris, le 28 janvier 2013
Nous sommes celles et ceux qui tournent régulièrement loin de chez eux, qui bougent constamment et à tout moment pour les besoins d’un film, celles et ceux qui acceptent de laisser leur famille loin, tard, longtemps.
Nous sommes aussi celles et ceux pour qui le moyen et le long termes sont incertains, celles et ceux qui attendent de travailler, qui savent quand se termine un film sans savoir quand commencera le suivant.
Nous sommes celles et ceux qui aiment leur métier, subissent sa fragilité, et ne peuvent faire ces métiers sans passion.
Face au tumulte médiatique de ces dernières semaines, où le meilleur - trop rare - a côtoyé le pire, où articles, interviews, reportages, analyses et commentaires se sont succédés, évoquant tout et son contraire, nous avons décidé de faire entendre notre voix, jusque-là, caricaturée ou ignorée, et nous avons décidé de défendre nos pratiques, nos équipes et nos métiers.
Nous sommes 5000 ouvrières, ouvriers, techniciennes, techniciens, scénaristes, comédiennes, comédiens, artistes, réalisatrices, réalisateurs, agents et prestataires du cinéma français et nous avons l’honneur de vous adresser cette lettre.
Le 7 janvier dernier, l’ADC (Association des chefs Décorateurs de Cinéma) a mis en ligne une pétition intitulée Chacun son métier, chacun ses responsabilités, dont voici l’appel originel :
CHACUN SON METIER, CHACUN SES RESPONSABILITÉS
Les producteurs assurent et assument le financement d’un film, c’est leur métier et leur responsabilité.
Les techniciens et ouvriers sont engagés par les producteurs, pour collaborer à la fabrication d’un film, non pas pour le financer.
En conséquence de quoi, les salaires des ouvriers et techniciens ne peuvent donc pas être la variable d’ajustement des budgets.
Nous, techniciens et ouvriers du cinéma français, demandons :
1°) Qu’une convention collective étendue, juste, réaliste et respectueuse de nos compétences et spécificités voie le jour au plus vite.
Une grille de salaires minimums, juste et cohérente, devra y être annexée. A défaut de mieux, et sous réserve que les différentes demandes émises par les associations professionnelles soient retenues, nous soutenons la convention collective API et demandons son extension dans le plus bref délai.
2°) Que nos compétences et expériences professionnelles soient reconnues et validées par une carte professionnelle ou tout autre système juste, cohérent et durable.
3°) Que tous les films considérés "d’initiative française" et bénéficiant des différents systèmes de soutien nationaux (CNC, chaînes de télévisions, ...) soient fabriqués en France (préparation, tournage et post-production) ou avec des équipes françaises quand ils doivent être tournés à l’étranger.
En 15 jours, cette pétition a réunis plus de 5 000 signatures que nous vous remettons par la présente. Toutes les branches, tous les métiers, tous les postes de notre industrie sont représentés.
Nous vous demandons de bien vouloir acter ce mouvement d’une ampleur inédite, d’entendre notre appel et d’ainsi permettre une rapide mise en œuvre de ces demandes légitimes.
Nous vous prions de recevoir, monsieur le Président le la République, monsieur le Premier ministre, madame la ministre de la culture, monsieur le ministre du travail, l’expression de nos considérations les plus cinématographiques et respectueuses.
Pour la totalités des signataires,
Bertrand Seitz, président de l’Association des chefs Décorateurs de Cinéma.
Cette pétition a reçu le soutien des associations professionnelles suivantes : ACFFA – Association des Chargés de Figuration et Distribution Artistique ADC – Association des chefs Décorateurs de Cinéma
AFAP – Association Française des Accessoiristes de Plateau
AFAR – Association Française des Assistant Réalisateurs
AFC – Association Française des directeurs de la photographie Cinématographique AFCCA – Association Française des Costumiers du Cinéma et de l’Audiovisuel AFCF – Association Française des Cadreurs de Fiction
AFCS – Association Française des Cadreurs Steadicam
AFR – Association Française des Régisseurs
AFSI – Association Française du Son à l’Image
ARC- Association des Repéreurs de Cinéma
ARDA – Association des Responsables de Distribution Artistique LSA – Les Scriptes Associés
MAD – les Métiers Associés du Décor