Cinéastes, producteurs ciné et TV mobilisés contre la baisse des crédits CNC
Alors que la commission des Finances du Sénat a adopté, le 10 novembre, plusieurs
amendements déposés par le rapporteur Philippe Marini dans le cadre de la loi de finances
2011, les producteurs audiovisuels, ceux du cinéma et plusieurs organisations de
réalisateurs dénoncent la mesure visant à "réaffecter au budget de l’Etat (...) 130 M ! de
ressources affectés au CNC"...
Aujourd’hui les producteurs de l’APC, de l’Arp, du Spi, de la SRF et de l’UPF, emboîtant le
pas aux producteurs de l’Uspa et du SPFA qui se sont exprimés hier soir, s’élèvent contre
l’adoption par la Commission des Finances du Sénat de l’amendement déposé par Philippe
Marini.
L’Uspa et le SPFA rappellent que le gouvernement a sécurisé et renforcé les ressources du
Centre en les asseyant sur une assiette large et dynamique. Ils considèrent "qu’il serait
dangereux et contradictoire de remettre en cause cette orientation" et demandent que le
Sénat rétablisse le budget initial du CNC. Pour les producteurs audiovisuels, cette réduction
affaiblit l’action des pouvoirs publics en matière de création audiovisuelle, alors que les
nouvelles actions lancées par le CNC, telle la numérisation du patrimoine audiovisuel et
cinématographique, nécessitent plus de moyens. Ils soulignent que "le soutien à la
production française d’animation, qui a montré son efficacité, ne doit pas être relâché alors
que ce secteur traverse un passe difficile sur le plan international". Ils pointent également un
retard de la France en matière de fiction qui "ne pourra être comblé que par la mise en place
d’un soutien renforcé à l’écriture et au développement, aux formats courts, et à la fiction de
daytime, pour lesquels des moyens spécifiques sont indispensables".
Les réalisateurs et les producteurs de cinéma considèrent pour leur part que ce texte révèle
une profonde incompréhension du rôle du CNC et "feint d’ignorer la débudgétisation massive
des crédits du Ministère de la Culture et de la Communication". "Si elle était adoptée par le
Sénat, une telle mesure porterait atteinte de façon catastrophique au financement de la
création cinématographique et audiovisuelle française, à son dynamisme salué à l’étranger
et à sa capacité à aborder la mutation numérique à tous les niveaux de la chaîne
d’exploitation des œuvres", écrivent-ils. Ils soulignent par ailleurs que la Commission des
Finances du Sénat, en adoptant ce texte, est en contradiction avec les propos du Président
de la République "qui s’est engagé il y a un mois devant l’ensemble des professionnels, à
garantir les ressources publiques du cinéma en France, fondées sur un dispositif pertinent et
équilibré prenant en compte notamment l’importance de la distribution des œuvres
cinématographiques et audiovisuelles pour le développement des abonnements aux réseaux
électroniques".
La commission défendait mercredi que "compte tenu de la progression très dynamique des
recettes affectées à cet opérateur, ce prélèvement exceptionnel ne diminuerait pas les
ressources du CNC, mais limiterait simplement leur progression à 44 M !".
"Ce prélèvement ne remettrait pas davantage en cause les recettes supplémentaire tirées, à
compter de 2012, du relèvement du taux marginal de [la] taxe Cosip sur les éditeurs auto-
distribués", précise le texte. La commission considère que "cet amendement tire les
conséquences des engagements gouvernementaux en matière de maîtrise de la dépense
des opérateurs, en évitant qu’un surcroît de recettes n’entraîne une hausse immodérée des
dépenses de fonctionnement et d’intervention du CNC".