Le verdict est sur le point de tomber. Les cinq sociétés audiovisuelles financées par l’argent public - France Télévisions, Radio France, l’Audiovisuel extérieur de la France, Arte et l’INA -vont être mises à la diète à partir de 2013, et ce pour au moins trois ans. Selon nos informations, le gouvernement prévoit une baisse à terme de 4 % de la ressource publique affectée pour les financer (3,7 milliards d’euros en 2012), ce qui revient à pousser l’audiovisuel public à réduire d’ici à 2015 son train de vie d’environ 150 millions d’euros par an. Si l’enveloppe globale est acquise, plusieurs arbitrages restent en suspens. D’une part, le rythme de cette baisse de 4 %. Initialement, l’idée était d’avoir une baisse plus forte, de l’ordre de 3 %, dès 2013, et beaucoup plus faible les deux années suivantes. Ce scénario n’est plus à l’ordre du jour et la baisse sera finalement moins forte la première année. D’autre part, la répartition des économies entre les différentes sociétés concernées.
France Télévisions est naturellement appelée à supporter l’essentiel de l’effort. Le groupe public de télévision reçoit à lui seul 2,5 milliards d’euros de financement public par an et, par ailleurs, les économies sont plus difficiles à réaliser au sein de Radio France ou de l’Audiovisuel extérieur de la France sans toucher à la masse salariale. Ce qui ne manque pas de faire grincer quelques dents : dans son contrat d’objectifs et de moyens (COM), France Télévisions doit théoriquement recevoir 2 % (en moyenne) de recettes en plus chaque année, grâce notamment au dynamisme de la redevance audiovisuelle, maintenant indexée sur l’inflation. France Télévisions devra donc faire des choix concernant ses missions : ce sera précisément le cadre de la renégociation de son COM, qui doit s’ouvrir dans les prochains jours.
Déjà, le monde de la culture grogne, anticipant une réduction importante du montant alloué au financement de la création et dénonçant au passage le manque d’ambition des pouvoirs publics dans le domaine culturel. D’autant que l’audiovisuel public n’est pas le seul touché : l’arbitrage final a été rendu concernant les finances du Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC) : le gouvernement va prélever 150 millions d’euros sur sa trésorerie. Une consolation : les taxes qui financent le CNC ne seront pas plafonnées.
GRÉGOIRE POUSSIELGUE
Les echos