Fin 1987. En cette faste période que connaît la publicité, B.A.T (bon à tirer) est une revue incontournable dans le domaine de la communication : pub, graphisme, photo, design...
Pour fêter son 100ème numéro, elle publie un best of de la création artistique, une sélection de 100 créateurs "dans le vent" qui inclue Jean Nouvel, Jean-Paul Goude, Di Rosa et... Aimé Deudé.
Au journaliste Olivier Darmon qui l’interviewait, le décorateur confiait "faire de la peinture en décor" et avoir l’obsession de "tout mettre en boîte".
Lui qui avait étudié aux Arts appliqués puis aux Beaux-arts, était ensuite arrivé par hasard dans le décor de pub, découvert par Sarah Moon lors d’une photo pour Kronenbourg où il faisait de la figuration.
"Je sortais des Beaux-arts ; à l’époque je reconstituais des rues entières dans de toutes petites boîtes, un vrai truc de maniaque.
Un jour sur le plateau, j’en montre une à Sarah Moon. « Si tu peux le faire en petit, tu peux le faire en grand », me dit-elle.
Quinze jours plus tard, elle me téléphone pour me commander mon premier décor. Un gros, énorme, qu’en outre je devais monter sur le grand plateau du Studio de Boulogne : 1000m2, 25m de haut, un temple !"
Entre 1978 et le moment de cette interview, Aimé Deudé a signé quelques 110 décors de photos et films publicitaires, dont certains réalisés par lui-même.
De nombreux autres suivront, presque toujours des "mises en boîte" de personnages filmés en plan fixe, dans cet univers ludique et stylisé définitivement ancré dans les années 1980.
Côté long-métrage, Aimé Deudé avait travaillé avec Bigas Luna, Xavier Gélin et Alain Robbe-Grillet.
Film Babivéa, réalisation Sarah Moon, 1984
En logo : Daniel Mesguich et Arielle Dombasle dans La belle captive d’Alain Robbe-Grillet (1893). Photo d’Henri Alekan