Actuellement en tournage à Prague pour la première saison d’une série internationale dont il est le décorateur, Jacques Rouxel a pris le temps de répondre au questionnaire de l’ADC. Il évoque également Turf, le film de Fabien Onteniente qui sort dans les salles.

Comment abordez-vous la lecture d’un scénario ?
Pendant la première lecture d’un scénario, je m’accorde des pauses et laisse défiler les images que m’évoque l’histoire. Je visualise ainsi des scènes entières dans des décors, je rêve « mon film ». C’est le début d’un travail d’archivage de ces d’images mentales qui va être nourrit par d’autres lectures et d’échanges avec le metteur en scène.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
D’abord mes expériences vécues et puis les films et la peinture.

Comment exprimez-vous vos idées ?
Par des croquis ou des dessins plus élaborés, si j’en ai le temps.

En quoi avez-vous changé depuis vos débuts ?
Mes cheveux ont blanchis, signe fatal des années d’expérience accumulées. Elles me permettent d’éviter certaines erreurs (parfois) mais le plaisir que j’avais à faire ce métier au début lui n’a pas blanchit.

En trois mots, cinéma, télévision quelle différence ?
Cinéma, télévision, les mêmes ambitions pour un décorateur, avec beaucoup moins d’argent et de temps pour le petit écran qui devient de plus en plus grand dans nos salons.

Vos expériences à l’étranger ?
Toutes les destinations courantes où nos films sont délocalisés pour des bonnes et des mauvaises raisons.

Un film qui vous a marqué ou influencé ?
Difficile d’en choisir un en particulier, il serait parmi les films de Marcel Carné et de Martin Scorsese.

Un décor qui vous a fait rêver ?
La plupart des décors d’Alexandre Trauner.

Votre plus belle aventure ?
Jean Paul Rappeneau*

Quelques mots sur Turf, le film de Fabien Onteniente dont vous signez les décors ?
Les références qui nous ont guidées avec Fabien Onteniente pour la direction artistique de cette comédie populaire au sens généreux du terme, sont entre autre "Bob le Flambeur" de Melville et "Le Gentleman d’Upsom" de Grangier. Mon travail sur ce film, a été de réinventer un réalisme idéalisé pour les décors qui devaient accompagner cette comédie dans laquelle le tragique alternait sans cesse avec le joyeux.

La question manquante à laquelle vous auriez aimé répondre ?
La question que les gens qui ne sont pas dans le cinéma me posent : Votre travail de décorateur de cinéma, c’est un vrai métier ?

*Jacques Rouxel a collaboré à 3 reprises avec J-P Rappeneau : Cyrano (1990), Le hussard sur le toit (1995), Bon voyage (2003).