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Hugues Tissandier, à propos de Valérian

En exclusivité | 01/10/2017

L’adaptation de VALERIAN par Luc Besson est sortie en juillet, HUGUES TISSANDIER (ADC) revient sur la préparation des décors de ce blockbuster entièrement tourné en studio.

Que ressentez-vous à votre « entrée » dans le projet de Valérian et la Cité des mille planètes ?
Septembre 2015 : j’ai eu une vraie émotion, en tant que spectateur privilégié, lors de la présentation que me faisait Luc Besson de son travail préparatoire, c’était un formidable moment avec la découverte d’un univers. Son investissement dans ce projet était énorme, il a passé de longues années à préparer un visuel hors normes très étoffé et précis, à l’image de sa créativité et de son énergie.
Mon challenge pour Valérian était de satisfaire la confiance que Luc m’accordait pour cet incroyable et fantastique projet, doublé de l’immense respect que j’avais envers les auteurs de la bande dessinée, Pierre Christin et Jean-Claude Mézières.
Valérian était mon premier projet de SF et le concept du film n’existait que par la technique numérique, cela a été une vraie découverte enthousiasmante.

Vous-même, étiez-vous fan des aventures de Valérian ?
Enfant, j’ai connu certaines des BD de Valérian. Je les ai redécouvertes pour ce projet, l’ensemble des tomes sont devenus mes documents de référence.

Etiez-vous attiré par la science-fiction, les Space opera, au cinéma ou dans la bande dessinée ?
C’était un vieux rêve et un grand désir de participer à ce type de projet, c’est avec une immense joie que j’ai abordé ce film, un défi colossal qu’il a fallu relever chaque jour pendant neuf mois, avec bonheur et acharnement mais toujours avec le plaisir de le partager avec une équipe merveilleuse et talentueuse. Une sublime et heureuse expérience que je souhaite à tout décorateur !
Je souhaite à nouveau une expérience similaire, j’ai encore beaucoup de rêves à assouvir et j’ai toujours aimé le genre science-fiction. J’adore Metropolis, 2001 L’Odyssée de l’espace, Star Wars, Alien, Blade Runner, Matrix, Avatar, Inception, Interstellar…

Vous collaborez régulièrement avec Luc Besson réalisateur et/ou producteur
Valérian est notre 9ème collaboration, c’est toujours un réel plaisir, ses projets sont différents les uns des autres, c’est à chaque fois la découverte d’un nouvel univers avec de nouveaux challenges. Luc a gardé son âme d’enfant avec une énergie incroyable et une créativité débridée qu’il partage avec énormément de confiance.

Sur le plan des décors, comment travaillez-vous ensemble ?
J’ai beaucoup de respect et de reconnaissance pour Luc Besson, il vous laisse travailler et proposer, il prend tout ce qui l’intéresse, c’est normal, c’est son film.
Tout commence par une narration de Luc et de ses envies, j’illustre le projet avec un mood board en y associant des propositions, c’est un jeu de ping-pong permanent entre nous. Puis les premiers dessins et les ambiances couleurs, ensuite un visuel 3D de chaque décor pour déterminer ce que nous allons construire, et pour finir les dessins techniques et éventuellement une maquette.
J’aime que Luc participe à toutes ces phases, cela offre la possibilité d’améliorer le concept et de changer des éléments durant l’élaboration du projet jusqu’à son terme. Il nous arrive d’effectuer des petits changements à deux heures du tournage. Luc adore les détails, moi aussi.

Plusieurs concepteurs artistiques/concept artists sont crédités au générique. Quelle a été la répartition du travail entre eux et vous, tous responsables de l’univers visuel du film ?
Lorsque j’ai commencé le projet en septembre 2015, j’ai hérité d’un travail colossal que Luc avait mis en place l’année précédente, avec une petite équipe de concept artists composée de Patrice Garcia, Ben Mauro, Marc Simonetti, Sylvain Despretz, Alain Brion et Feng Zhu.
Mon travail a commencé par une réunion avec Luc Besson et Scott Stokdyk, superviseur VFX, pour déterminer les ambiances à concevoir et les décors qui nécessitaient une construction en studio.
Nous étions fin Septembre 2015, j’avais alors trois mois devant moi pour mettre en place une organisation et faire le lien entre les différents univers, sans cesse durant neuf mois jusqu’à la fin du tournage, nous avons développé les concepts et les décors.
Mon équipe habituelle a été étoffée de l’ensemble des concepts artists qui étaient à l’origine du projet, pour une continuité et afin de conserver l’esprit.
J’avais en permanence tous les tomes de Valérian sur mon bureau, je les parcourais avant chaque conception de décor pour rester en immersion avec l’esprit de la BD.
La répartition du travail était simple, dès que l’un d’entre nous avait fini un projet, je le créditais d’une nouvelle étude. Une véritable usine à rêves !

Comment s’est déroulée votre collaboration avec les effets visuels ?
Il était évident que ce film demandait que toute notre attention soit portée aux VFX. L’ensemble des concepts visuels s’est fait en deux temps, une première phase déterminant l’esprit et la seconde pour y ajouter les détails et l’enrichir.
Mon travail avec Scott Stokdyk, Superviseur VFX, a été génial, nous avons partagé le même espace de bureaux pour favoriser une communication permanente. Scott était en préparation depuis une année et son analyse à facilité les besoins et la répartition du travail. Il me faisait part de ses nécessités lors de nos fréquentes réunions avec Sophie Leclerc, productrice VFX, ce qui permettait de clarifier et d’ajuster les besoins avec chacune des sociétés d’effets numériques intervenant sur le film.
Un processus a été mis en place pour alimenter tous ces besoins, qu’ils soient pendant ou après tournage, notamment par la capture 3D des décors ainsi que celles des matières, des accessoires …Cela a été un bonheur pour moi de découvrir et de partager cet univers de travail avec un tel niveau d’exigences et de méthodes.

Avec une telle contribution du numérique aux décors, avez-vous du repenser la composition d’une équipe décoration et sa gestion ?
L’équipe décoration s’est étoffée jusqu’à 250 personnes, une équipe 100% française ! Un bonheur que l’on doit à Luc. L’équipe du film s’est structurée en fonction de ce projet hors normes et des techniques employées.
Notre travail était organisé avec la priorité donnée aux Sociétés d’effets spéciaux dirigées par Scott Stokdyk, le plan de travail a été programmé autour des besoins VFX et des nécessités de post-production. Leur travail a été colossal et représente une immense partie du visuel du film.

Valérian a été entièrement tourné à la Cité du cinéma à Saint-Denis près de Paris, les décors ont nécessité une surface de 31 000 m², 7 plateaux nous ont été attribués, nos besoins étaient tels que nous avons effectué une moyenne de 4 rotations par plateau.
Au total, 28 plateaux et 43 décors construits avec l’apport plus ou moins important d’effets visuels pour chaque décor, les acteurs ont évolué dans l’ambiance de décors construits mais ont aussi sur des plateaux exclusivement en fond bleu, avec un apport minimal d’éléments et d’accessoires. Nous procédions alors à des marquages en délimitant certaines zones pour l’action.
Bon nombre de décors nécessitaient l’intégration de 80 à 100 caméras 3D (pour la capture), cela représentait deux jours de pose, d’équilibrage et de réglage avant le tournage, suivis de deux jours de dépose après tournage.
Tous les décors se sont avérés complexes à créer et à construire, chacun avait son identité et son ambiance et tous avaient le même niveau d’exigence.


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