Association des décoratrices et décorateurs de cinéma

Fred & Fred Lapierre en interview

l’interview du moment | 20/06/2017

FREDERIC ET FREDERIQUE LAPIERRE ont rejoint l’ADC début 2016 et n’ont pas encore passé l’épreuve de l’interview ! Ils s’y sont collés à l’occasion de la prochaine sortie de K.O, le film de Fabrice Gobert dont ils ont ensemble créé les décors.

Quelle est votre formation ?
Peinture et sculpture pour Frédérique, architecture et photo pour Fred, mais surtout les salles de cinéma et la Cinémathèque de Chaillot et notre amour du cinéma et de la photo.

Pensez-vous qu’elle influence votre travail ?
Bien sur, et même notre vie…les films ont toujours été des références, avec la littérature et la musique.

Votre parcours au sein des équipes déco ?
Par goût pour la peinture, la photo, les maquettes, nous avons abordé ce travail d’une façon indépendante, sans connaître les postes ni les équipes, en concevant et fabriquant nous même.
(Fred) Etant musicien j’avais trouvé le job de rêve en complément : machiniste puis accessoiriste à l’Opéra de Paris, me retrouvant apprenti au milieu de vrais vieux pros dans ce lieu extraordinaire et vivant les répétitions et le montage de décors de grands scénographes et metteurs en scène (Ezio Frigerio, Giorgio Strehler…), apprenant là les rouages de la machinerie, la construction, la magie des décors et de la lumière.

Comme je faisais partie du groupe qui a joué à la fête de fin de tournage du film Neige de Juliet Berto et J.H Roger, nous avons rencontré le chef décorateur Max Berto qui a ensuite proposé à Frédérique de travailler avec lui. Son bureau était dans les même locaux que plusieurs grandes agences d’architecture, en fréquentant le lieu j’ai découvert l’archi.
Après que nous ayons Frédérique et moi réalisé nos premiers décors, j’ai commencé des études d’archi à UP6 alors que Frédérique travaillait à l’époque dans la mode pour un bureau de style.

Vous signez vos décors en binôme, comment vous répartissez-vous le travail ?
On ne sait pas …On conçoit ensemble : parler, échanger des idées, des images, la balle passe de l’un à l’autre. Puis vient le travail avec l’équipe, Fred se charge plus de la construction et Frédérique plus des couleurs et des ensembles...mais le résumer ainsi schématise trop notre tandem.

K.O est l’histoire d’un homme de télé qui émerge d’un coma et découvre que tout a changé autour de lui. Que vous a demandé Fabrice Gobert ?
Avec Fabrice nous partageons des même goûts pour la littérature américaine, le cinéma indépendant et même la musique. Bien sur les échanges commencent comme ça et s’orientent sur le scénario, les intentions, les ambiances. Parfois Fabrice nous raconte même la vie antérieure des personnages.


Nous faisons toujours un travail de documentation et d’ambiances sur photos que nous lui proposons, ces références ouvrent sur certains choix et parti-pris. Puis viennent les repérages où nous évoquons en direct les possibilités (modifications, circulations, couleurs…) et le choix d’un décor naturel ou d’une construction.
Les repérages sont un moment très important car nous passons beaucoup de temps ensemble avec le réalisateur et le chef op.
Par exemple sur K.O, la construction de la cabine d’ascenseur était au départ un moyen d’unifier deux lieux de tournage différents. Elle a joué finalement dans cinq décors, dont l’ellipse de l’ouverture de la cabine dans une boite de nuit.

Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Entre autres Network de Sidney Lumet et Nightcall (Nightcrawler) de Dan Gilroy.

Que recherchiez-vous pour l’appartement du héros que l’on découvre assez tard dans le film ?
L’appartement est le décor qui a été le plus long à définir. Au début des repérages on cherchait un lieu neutre, sans personnalité, pour un cadre moyen séparé ayant juste posé là ses affaires…mais cela ne marchait jamais.
Nous avons finalement atterri dans un appartement parisien assez déglingué avec le métro aérien devant ses fenêtres, un coup de cœur général pour ce lieu romanesque et son ambiance film noir.

Et son univers professionnel ?
Documentation sur photos, inspiration de vrais locaux et rédactions de plusieurs chaines de télés.

Avez-vous tourné en studio ?
Non, pour K.O pas de studio mais de la construction et des réaménagements dans les lieux existants, comme par exemple les cellules construites dans un entrepôt, selon le format du film.

Vous aviez déjà travaillé avec Fabrice Gobert : Simon Werner a disparu, la série Les Revenants. On trouve le même sentiment d’étrangeté que dans K.O.
Cette étrangeté du quotidien, c’est l’univers de Fabrice...Lors de notre première rencontre pour Simon Werner nous avions beaucoup parlé des cinéastes que nous aimions : bien sûr David Lynch mais aussi le jeune Atom Egoyan de The Adjuster et Exotica...
Plus tard pour Les Revenants : Lodge Kerrigan, Morse de Thomas Alfredson...

De vos débuts dans le cinéma à aujourd’hui, le plus beau souvenir ?
De très beaux moments de montages de décors et de tournages aux studios Duboi et à Stains …Simon Werner fut un beau tournage très enthousiaste et Dernière Séance de Laurent Achard, un film où toute l’équipe fut très proche.


Simon Werner a disparu (2010)

Dernière séance (2011)

Le film qui vous a donné envie de faire du cinéma ?
Impossible d’en citer un seul car tant de coups de cœur et de découvertes
au fil des années...

Un film, un spectacle, une exposition…qui vous a marqué récemment ?
Nous avons été impressionnés par la direction artistique de Under The Skin
et aussi de Arrival (Premier contact)...et coup de cœur pour les films de Andrei Zvyagintsev…et tellement d’autres !
Les expos : Images à Charge au BAL et Architecture en Uniforme à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.


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