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A voir, à lire, à écouter | 18/04/2014
NOUVELLES HISTOIRES DE FANTÔMES
GEORGES DIDI-HUBERMAN et ARNO GISINGER
Dans le cadre de ÉTAT DU CIEL Partie 1,
Palais de Tokyo Paris 75016
Jusqu’au 7 septembre 2104.
Sur 1000 m2 de sol, des écrans projettent des images de films, principalement des années 20 et 30. Aux murs, des centaines de photos. Un flux d’images - beaucoup nous sont familières - qui se déverse sans logique apparente. A nous de tisser des liens entre elles et de faire notre propre montage, de laisser agir notre savoir ou notre inconscient.
Fixes ou animées, ces images seraient donc des fantômes à regarder, selon Georges Didi-Huberman, philosophe et historien de l’art, et le photographe Arno Gisinger.
Leur installation spectaculaire, d’abord présentée au Fresnoy puis adaptée aux murs courbes du Palais de Tokyo, s’inspire d’Aby Warburg* pour qui l’histoire de l’art était « une histoire de fantômes pour grandes personnes ».
Au milieu des images ou du haut d’un balcon, ils invitent le visiteur à « une méditation incomparable sur la façon dont la photographie et le cinéma prolongent à leur tour les chefs d’œuvre des artistes anciens qui témoignent de ce que nous sommes ».
http://www.palaisdetokyo.com/fr/exposition/nouvelles-histoires-de-fantomes
Il s’agit de questionner la façon dont nous regardons ces images, de définir notre relation - raisonnée, intuitive, psychique- à elles.
Plus simplement, comment regarde-t-on une exposition ?
Sur leur revue du web, Les Inrocks ont demandé à Georges Didi-Huberman si, devant cette profusion d’images dont la plupart nous sont familières, son regard était une forme d’attention "flottante" ou alors celui, plus analytique, d’un spécialiste.
Quel type de regardeur êtes-vous ?
G D-H « D’abord, il y a un choc. Surtout ne pas se reprendre trop vite. Surtout ne pas convoquer trop vite le savoir, les compétences, les repères, les réponses qui précèdent la question.
Rester suspendu un certain temps dans l’élément de la question : c’est ce que vous appelez attention flottante. Cela permet de faire lever, en quelque sorte, ce que Walter Benjamin nommait, à la suite de Freud, "l’inconscient de la vue”.
Mais à cette expérience il faut donner une forme, trouver des mots, approcher la cohérence. Alors il faut recourir à autre chose, (...) développer une méthode d’analyse aussi modeste et patiente, aussi rigoureuse que possible.
Cette méthode consiste à trouver le passage entre le regard et les mots, entre l’expérience sensible et la pratique d’une écriture ».
www.lesinrocks.com/2014/02/12/arts-scenes/tout-est-la-rien-nest-cache-11472282/
* Au début du XXème, l’historien de l’art Aby Walburg conçut un gigantesque Atlas qui recensait un millier d’images figuratives, l’Atlas Mnémosyne (déesse de la mémoire).
En logo, photo de l’exposition par André Morin
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