Monsieur le Médiateur,

Lors de notre rencontre, le 24 juin dernier, vous nous avez exposé votre « champ d’intervention » (les « 3 points de désaccords ») et présenté vos projets de propositions.
Nos partenaires de l’inter-association et nous-même nous avons fait part de nos réserves et de nos inquiétudes concernant vos propositions et avons demandé à vous revoir au plus vite pour pouvoir aborder en profondeur leurs principes et leurs applications.

Nous avons vivement regretté que vous ne preniez pas le temps de nous recevoir, plus longuement, nous les praticiens de métier peu connus, sur lesquels vous deviez intervenir.
Depuis cette réunion, à plusieurs reprises, nous avons demandé vos propositions écrites à vos services, sans jamais recevoir de réponse positive.

Nous venons de découvrir, presque par hasard le courrier « officiel » que vous avez adressé aux différents participants à la commission mixte paritaire le 24 juin dernier.

La conclusion d’une étude poussée nous conduit à vous annoncer, de manière officielle, que nous refusons catégoriquement ces propositions, qui tant dans leur principe que dans leurs applications nous semblent inacceptables.

Nous considérons que ce n’est pas aux techniciens que revient la responsabilité de préserver la diversité du cinéma français, à laquelle nous sommes nous aussi, qui la fabriquons, très attachés.

Nous sommes les techniciens salariés dʼune industrie à vocation artistique.
Nos métiers consistent à participer à la fabrication technique et artistique dʼun film, pas à son montage (ou à son sauvetage) financier.

Cʼest le ou les producteurs qui ont la responsabilité du financement et ses risques, et a qui reviennent les bénéfices proportionnels à ces risques.
Nous considérons que la notion de part variable concernant nos salaires est un non sens économique et industriel. Quelle autre industrie demande à leurs employés (cadre et ouvriers) de réduire leurs salaire d’environ 50%. Le dessinateur qui crée un modèle de voiture d’entrée de gamme est il moins payé que celui qui travail sur un haut de gamme ?.

Nous avons l’habitude depuis longtemps d’ intégrer la réalité économique d’un film sur lequel nous travaillons et d’essayer d’en réduire le coût à notre niveau. Mais en aucune façon la réduction de nos salaires peut être la clef de faisabilité d’un film. La participation (part du salaire en échange d’un bénéfice potentiel à venir) existe déjà dans nos métiers, et nous en connaissons tous les limites.
Ce nʼest donc pas une question de chiffre, d’aménagements ou de négociations.
Cʼest, pour nous tous, une question de principe

Si les principes d’heures d’équivalence et de durée hebdomadaire du travail sont ouverts à la discussion, vos propositions sur ces deux sujets, leur mécanisme et leurs combinaisons, tels que proposés, ne sont absolument pas, à notre avis, compatibles avec la pratique de nos métiers.
Le choix des métiers concernés par les heures d’équivalence nous parait aléatoire et créera finalement une individualisation de la durée hebdomadaire du travail, parfois injuste et globalement ingérable, (chef décorateur sur 56h, assistant décorateur sur 39h, par exemple).

La grille de salaire « rénovée » n’a finalement de « sens », que quand on la décline en fonction des deux principes / propositions évoqués ci-dessus.
Nous nous retrouvons alors avec 8 durée de travail hebdomadaires différentes, et des salaires « rénovés » qui, comme l’illustrent nos tableaux, ne nous sont pas du tout favorables (sauf à de très rares exceptions).
Enfin, là encore, l’application pratique et quotidienne de ces grilles nous parait tout simplement impossible.

Nous refusons donc catégoriquement l’ensemble de vos propositions.

Après les avoir informé nous commençons à mobiliser l’ensemble de nos collègues, de nos équipes (potentiellement très nombreuses) et l’ensemble des métiers du cinéma contre ces propositions iniques. Nous sommes profondément déterminés à obtenir le retrait de ces trois propositions, que nous considérons être le préalable à toute discussion.

Une fois ces trois propositions retirées, nous seront ouverts à toute rencontre constructive et sérieuse qui prendra en compte nos pratiques, nos traditions de nos spécificités.

Salutations

L’Association des chefs Décorateurs de Cinéma - ADC