Cinéma Lundi 19 décembre 2011 15:52
Le Lincoln ferme aussi ses portes à Noël

Après le Balzac, c’est au tour du Lincoln d’annoncer sa fermeture provisoire du 21 au 27 décembre afin d’alerter l’opinion publique, les professionnels du cinéma et les pouvoirs publics sur la situation concurrentielle qui sévit sur les Champs-Elysées et met à genoux les salles art et essai indépendantes.

"Nous n’avons plus rien à perdre." C’est le cri du cœur de Xavier Blom, programmateur du Lincoln, alors que le cinéma ferme s’apprête à fermer ses portes une semaine. A l’instar du Balzac, l’autre complexe art et essai des Champs-Elysées doit aujourd’hui affronter une concurrence si forte qu’elle met en péril son existence.

Inauguré en 1971, le Lincoln a vu sa fréquentation plonger de 13% en 2011, "ce qui s’ajoute à une précédente chute de 10% en 2010", précise Xavier Blom. Selon lui, la baisse d’audience des films les plus pointus n’explique pas tout : "Nous ne pouvons plus accéder aux films d’auteur porteurs, ceux-là même qui permettent, par leur succès, de continuer à assurer une programmation exigeante et défricheuse de talents". Et de dénoncer ce qu’il appelle "la technique du garrot qui aboutit à une agonie assez lente qui pourrait passer pour une mort naturelle".

"La situation du Balzac et du Lincoln n’est pas un cas isolé. C’est la situation de toutes les salles indépendantes à Paris. Et, à travers ces cinémas, c’est toute la filière de la diversité et le modèle français, que tant de cinéastes étrangers nous envient, qui se trouve menacés."

Un seul écran restera cependant ouvert afin de ne pas pénaliser la sortie de Ne nous soumets pas à la tentation, programmé en exclusivité parisienne au Lincoln.

De même, Xavier Blom souhaite désormais se positionner en tandem sur les films d’auteur porteurs qui sont placés généralement chez UGC et Gaumont dans le quartier. Une décision identique à celle de Jean Hernandez, programmateur du Balzac. Quelle sera maintenant la réaction des distributeurs et des circuits ? Affaire à suivre...
Anthony Bobeau