Association des décoratrices et décorateurs de cinéma

L’interview : Sabine Delouvrier

l’interview du moment | 13/06/2014

Première ensemblière à répondre aux questions de l’ADC : Sabine Delouvrier. D’abord interprète (scène, cinéma, télé), elle change de cap au début des années 1990 et entre dans la "déco".

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Le scénario, le scénario et le scénario... me disait-on lorsque j’ai commencé dans ce métier et ce que sa lecture déclenche dans mon imaginaire ; et puis la personnalité des personnages, la vision du chef décorateur et du réalisateur et s’il s’agit de film d’époque, recherches en bibliothèque et dans les musées. Un bonheur !

Votre contribution et votre champ d’action varient-ils en fonction du chef décorateur ?
Bien évidemment. Je suis au service du chef décorateur et du réalisateur et selon leur manière de travailler, je m’adapte à leurs demandes et à leur désir ; tout en suggérant mes idées.

En tant qu’ensemblière, avez-vous un "domaine" ou un champ de travail favori ? (mobilier, type d’objets, époque...)
Le mot ensemblier veut bien dire ce qu’est le travail que nous avons à faire : Tout ! Tout ce qui concerne le meublage et l’accessoirisation d’un lieu, en fonction de la personne qui l’habite.
Mon travail favori est de mener à bien les décors et qu’ils soient le plus justes possible, en me mettant dans la peau des personnages afin de donner aux comédiens les objets nécessaires à la construction de leur rôle (que ce soient des accessoires de jeux ou pas).

Le fait d’avoir été comédienne vous rend donc plus sensible à la relation de l’acteur au décor ou à l’objet ?
Bien sur ! C’est, pour moi, quasiment le même métier....... avec des "instruments" différents, c’est tout !

Quelle serait la collaboration idéale avec le chef décorateur et les autres membres de son équipe ?
Elle est idéale lorsqu’il y a une véritable collaboration et que le travail d’équipe se fait avec intelligence, dans l’harmonie et la confiance.

Quels sont les "pièges" à éviter dans l’ensembliage d’un décor ?
"L’ensembliage" est un mot qui ne se trouve pas dans le dictionnaire et qui est, de surcroit, très laid (bien qu’il soit très souvent utilisé).
Parlons de meublage, qui n’est pas tellement plus joli mais que je supporte mieux.
Comme je l’ai dit plus haut, s’il n’est pas juste, c’est à dire proche du personnage, le décor est raté. Le but n’est pas de faire du "joli", du "beau" à tout prix ; le but est d’apporter, ou pas, un plus à l’histoire et ceci, en fonction de la demande du réalisateur.
Certains désirent que le décor soit effacé pour laisser la place au jeu de l’acteur, certains pensent que le décor est un acteur du film, certains demandent à ce que les décors soient extrêmement présents à l’image. C’est donc un travail différent à chaque fois.

En quoi avez-vous changé depuis vos débuts ?
J’ai peut-être un peu moins peur de ne pas bien faire......... Et puis, c’est le métier qui a beaucoup changé, donc la manière de faire peut être très différente. Il faut trouver des solutions financières. Il faut se servir autrement de son imagination.

Votre plus belle aventure (de cinéma) ?
Le prochain film peut-être...

Quelques mots sur votre dernier film ?
The hundred foot journey , un film américain ! Avec des moyens, comme on dit. Et puis, pour ne pas dire surtout, l’ensemblier est considéré très différemment qu’en France. Il est autant considéré que le chef décorateur, ou presque, alors qu’en France, j’ai entendu un directeur de production demander à quoi servait l’ensemblier !!!!!...... sans commentaires supplémentaires.

La question manquante à laquelle vous auriez voulu répondre ?
Pensez vous que "ensemblier" est un métier qui va vivre encore longtemps ?
Ma réponse aurait été : Il va falloir réhabiliter ce métier et lui redorer le blason.......Le redéfinir peut-être aussi ! C’est, pour moi, le plus beau métier de la décoration. Ce n’est pas un tremplin pour devenir chef décorateur, c’est le métier indispensable au chef décorateur, au même titre que le 1er assistant.

*Réalisation de Lasse Hallström, production designer : David Gropman


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