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Vive l’exception culturelle !

Actualités professionnelles | 02/01/2013

LE MONDE | 02.01.2013 à 13h23 • Mis à jour le 02.01.2013 à 15h09 Par Jérôme Clément, ancien président du Centre national de la cinématographie et d’Arte

La déclaration de Vincent Maraval (Le Monde du 29 décembre 2012), entrepreneur de cinéma talentueux, ne peut rester sans réponse. D’abord, le titre : "Les acteurs français sont trop payés", nous dit M. Maraval. Détestable approche, qui consiste à montrer du doigt une catégorie professionnelle.

Non, les acteurs français ne sont pas riches de l’argent public : ce n’est certainement pas France Télévisions et Arte qui pèsent financièrement sur le star-système, mais plutôt TF1, Canal+ et M6, qui exigent les fameux acteurs têtes d’affiche, les si bien nommés "bankable", dans les films qu’ils coproduisent.

Est-ce de l’argent public ? Non. Est-ce rentable ? Oui : les multiples diffusions de ces films permettent aux régies publicitaires d’engranger de sérieuses rentrées financières. Pourquoi ces acteurs ne toucheraient-ils pas une rémunération, eux aussi, à condition qu’elle soit raisonnable, sur la valeur qu’ils ont ainsi pu créer sur leur nom ?

Non, on ne peut pas comparer les rémunérations d’un acteur français et d’un américain, car ces deux économies du cinéma sont radicalement différentes, évoluant dans des environnements réglementaires spécifiques, et le partage des recettes ne correspond pas à la même logique financière. La décision de Gérard Depardieu de quitter la France n’a rien à voir avec notre sujet : l’amalgame est un mauvais procédé.

Sur les autres points, rappelons quelques vérités simples. Non, le cinéma français ne repose pas sur une économie de plus en plus subventionnée. Le génie collectif de ceux qui ont conçu cette économie repose sur l’idée que nos films ne peuvent se satisfaire du seul marché en salles, trop étroit. La diffusion à la télévision est devenue vitale. Les moyens dégagés par France Télévisions, Arte, TF1, M6 et Canal+ pour le cinéma ne sont pas des subventions, mais des moyens mis en commun.

Non, il n’est pas honnête de comparer le coût moyen de production d’un film français (5,4 millions d’euros) et celui d’un film indépendant américain (3 millions d’euros). Il faut comparer les films d’une même catégorie : les films d’auteur français ont un coût moyen de production environ trois fois inférieur à leurs équivalents américains, c’est-à-dire celui des films indépendants. Le coût moyen d’un film américain "normal" est cinq à six fois supérieur à son équivalent français.

ÉVITER UN SORT FUNESTE

Non, il n’y a pas d’omerta, il y a juste la fierté d’appartenir à un système qui a permis à notre cinématographie de ne pas connaître le sort funeste des cinémas espagnol ou italien. Oui, que vive l’exception culturelle. Les films français ne sont pas des échecs économiques. Il suffira de donner les recettes publicitaires des multiples diffusions à venir de Marsupilami, Astérix, Les Seigneurs, Stars 80, etc., pour comprendre que ce système est économiquement sain et rentable.

Quant à l’appréciation sur l’année 2012, qui serait un désastre pour le cinéma français, elle prête à sourire. A-t-on oublié l’année 2011, le succès de The Artist et son Oscar à Hollywood ? Bien d’autres exemples ou statistiques prouveraient que l’industrie cinématographique française reste l’une des plus importantes au monde. La France, et c’est un atout majeur, reste une terre privilégiée pour les cinéastes français et étrangers.

Alors, oui, il y a des choses à revoir et à améliorer. Dans cette période de difficultés économiques et financières, la question n’est pas de montrer du doigt une catégorie professionnelle ou une autre, mais de relever d’autres défis beaucoup plus ambitieux, ceux de la technologie d’abord, ceux de la mondialisation ensuite, et surtout de continuer à créer les conditions d’un renouvellement créatif par une politique culturelle ambitieuse.

Jérôme Clément, ancien président du Centre national de la cinématographie et d’Arte


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