Association des décoratrices et décorateurs de cinéma

LA FIN DE LA GRANDE ILLUSION…

l'actualité de la convention collective | 13/06/2013

Les réalisateurs, que veulent-ils ?

…ça fait mal.
Ce qui fait le plus mal, dans la tentative d’avoir une Convention Collective applicable à tous, ce n’est pas de constater que nos producteurs et patrons (pourquoi ce mot est-il aussi peu employé alors qu’il décrit très bien la réalité des rapports que nous vivons ?) veulent exercer dans un environnement sans réel cadre légal. On pourrait dire que c’est de bonne guerre. Ils ne sont pas différents en cela des patrons des autres secteurs. D’ailleurs, l’appartenance au MEDEF de certains des plus virulents opposants à la Convention n’est pas une surprise. Et on peut dire en ce qui les concerne, au vu des conditions dans lesquelles ils nous font souvent travailler, que nos illusions étaient perdues depuis longtemps.
Non, ce qui fait le plus mal, c’est la position de nombreux réalisateurs (heureusement pas tous, même s’ils sont les plus bruyants). Pourquoi ça fait si mal ? Parce que jusqu’ici, quand le producteur, ou le réalisateur producteur, ne pouvait pas payer sur un film les salaires correspondant à nos compétences (sinon à une Convention), le réalisateur se donnait la peine de nous impliquer dans son projet artistique, de solliciter notre aide, de nous faire participer à ses élans et à ses tourments. En bref, nous sentions que notre collaboration était importante, nous existions comme partie prenante d’un projet.
Bien sûr, certains la jouaient déjà rase-bitume : « C’est mieux d’accepter nos conditions que de ne pas travailler. Et puis, ça te fera toujours quelques heures pour ton chômage. » En cela, un technicien de cinéma n’est pas différent d’un autre travailleur précaire. Mais dans l’ensemble, la partie se jouait avec plus d’élégance, sur le contenu du film : nécessaire, ou le projet artistique : original, ou notre présence : indispensable.
Avec ce que demandent les réalisateurs d’une soi-disant « troisième voie », dans un texte commun signé par certains d’entre eux, opposants virulents de la première heure à la Convention, plus besoin de s’emmerder. Il suffit de nous dire par exemple : « Le budget est moins d’un million, t’as droit au SMIC ». Et nous de répondre : « Merci ». Ce qui était de notre part un cadeau volontaire, une participation à un projet que nous aimions, devient un dû à ces Messieurs Dames les Créateurs, dont l’œuvre est tellement indispensable au monde qu’elle s’arroge tous les droits. Ce dû, il sera évidemment impossible d’en contrôler la justification. Est-ce que le travail de production a été bien fait ? Cela sera toujours incontrôlable. A qui veut-on faire croire qu’un producteur laissera ouverte sa comptabilité ? Même les réalisateurs n’y parviennent pas, même quand ils sont coproducteurs.
La fin de la Grande Illusion, c’est celle d’une famille unie dans un même élan, car la position hiérarchique, longtemps masquée, revient en force et nous remet à notre place : le Grand Créateur impose sa loi au nom de l’intérêt supérieur de sa Création (dont, soit dit en passant, il recueillera seul les lauriers le cas échéant). Plus besoin de respect, de partage de conviction : la raison d’Etat de l’Œuvre suffira à établir les conditions de travail (avec, au passage, la raison supérieure de l’intérêt bien compris du patron-producteur). Tu travailles aux mêmes horaires (et il faut voir lesquels !), avec la même expérience, la même implication, mais… pas de chance, tu fabriques une petite voiture, t’es payé 3 fois moins que ton collègue qui, à côté de toi, fabrique une Volvo. Ah, mais pardon d’avance de l’insulte… J’oublie que nous ne travaillons pas pour l’automobile, mais pour l’ART, qui donne tous les droits, surtout celui de faire travailler tout le monde en précaire, cette même précarité volontiers dénoncée dans les films de ces mêmes réalisateurs quand elle touche d’autres salariés (mais nous ne devons pas être de vrais travailleurs…).
Attention, je ne veux pas généraliser. Nombreux sont les réalisateurs qui n’ont pas signé un appel qui nous asservit aux finances de l’entreprise. Que ceux-ci me pardonnent ce mouvement de révolte et qu’ils sachent que je leur garantis, à eux qui ne l’ont pas transformé en un dû, mon dévouement le plus sincère.
Le technicien inconnu

l’assemblée des cinéaste/ compte rendu
liste des réalisateurs signataires
proposition du collectif des cinéastes

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